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Tailleur pour dames

Après une première mise en scène en mai 2013, commandée par le Théâtre Drama de Minoussinsk (Fédération de Russie), Cédric Gourmelon crée en France la pièce Tailleur pour dames dans une nouvelle version en mars 2016 au Théâtre de Sartrouville – CDN.

« Avec ce spectacle je souhaite faire entendre l’écriture du grand auteur qu’est Feydeau, c’est pour moi le principal défi, considérer Feydeau, le maître du vaudeville, comme un véritable auteur ; et me mettre avec les acteurs au service de son génie. Trop souvent les acteurs se servent de lui pour exister, et même si cela peut donner lieu à des numéros d’acteurs formidables, il est dommage de ne pas déployer intégralement sa puissance comique. Pour cela il faut à la fois faire preuve d’humilité, savoir s’effacer devant la précision et la rigueur de son théâtre, et dans le même mouvement s’engager complètement dans chacune des situations qu’il met en place. J’ai choisi de m’entourer d’une troupe qui permette de relever ce défi.

J’ai, au cours de mon parcours de metteur en scène, surtout travaillé sur des écritures situées à l’opposé de l’univers du vaudeville (Beckett, Rilke, Pessoa, Genet, Sénèque, Marlowe…), et je souhaite appliquer la même exigence avec l’écriture de Feydeau qu’avec les autres. Tailleur pour dames est la première pièce de lui que j’ai lu, suite à la commande d’un théâtre en Russie. Je me suis passionné pour son talent d’orchestrateur, sa maîtrise du rythme, son sens de l’absurde. Particulièrement dans cette pièce, son premier vrai succès, créée au Théâtre de la Renaissance en 1886, pièce de jeunesse en 3 actes, archétypale de toutes celles qui suivront. Je la considère moins psychologique et plus sèche que les autres. Un concentré de Feydeau d’une heure quinze.

Je souhaite également, à travers ce spectacle rendre hommage à ma façon à Louis de Funès, avec qui, enfant, j’ai eu mes premiers éclats de rire devant le poste de télévision familial. Tout en ayant aujourd’hui du recul face à son travail et la qualité relative de certains de ses films, j’ai gardé une grande tendresse pour lui. Et j’ai en mémoire certains des décors intérieurs de ses productions du début des années 70, dont j’ai souhaité que nous nous inspirions avec le scénographe Mathieu Lorry-Dupuy.

A l’heure des sites de rencontre extra-conjugales et des applications géolocalisées, les thématiques de Feydeau sont toujours à même de toucher le public, certes différemment avec plus de distance « ethnologique » mais peut être de façon plus subversive encore.

Le vaudeville est avant tout un théâtre de divertissement, je ne souhaite pas le détourner artificiellement de sa vocation première. Cependant chaque spectacle représente vraiment pour moi l’idée de poser un acte artistique. Et dans tous les cas je ne souhaite pas m’empêcher de tenter de pousser la mécanique de Feydeau jusqu’au bout, de la faire grincer, voire de frôler la frontière du bizarre. »

Le docteur Moulineaux rentre à l’aube après avoir découché, ayant attendu en vain sa maîtresse toute la nuit. Yvonne, sa femme, soupçonne son infidélité et attend des explications. Moulineaux prétexte qu’il était au chevet d’un ami moribond, un certain Bassinet. Mais celui-ci a choisi malencontreusement de visiter les Moulineaux ce matin là et il est visiblement bien portant… Les quiproquos et malentendus se succèdent et Moulineaux sera emporté dans un tourbillon d’évènements qu’il tentera de maîtriser tant bien que mal.