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La Princesse blanche

La princesse est amoureuse d’un amant secret et par delà onze ans de mariage elle s’est gardée pure pour lui. Le grand jour arrive enfin, le prince est absent et les serviteurs sont congédiés. La princesse se retrouve seule au palais avec sa petite sœur.
Elle va pouvoir donner le signal convenu à celui qui vient par la mer et qui fera d’elle une femme. Mais la barque n’accostera jamais.

J’ai choisi de monter les deux versions du texte existantes dans un même spectacle.
La première « comme dans un rêve » (peut-être celui d’une princesse), et la deuxième est l’installation de la page blanche sur laquelle s’écrivent les vers. Ces deux versions sont articulées par un faux entracte, passage de la fausse réalité du rêve à la vraie théâtralité du moment.

Il s’agit de faire entendre le poème, de le « décoller » de l’intrigue. De faire entendre ce qui est écrit sans trémolo ni vibrato. C’est un long et singulier travail pour les acteurs. Je leur ai parlé de simplicité et jamais de désincarnation ou de neutralité. Il fallait qu’ils soient très investis.

Lire Rilke et le mettre en scène c’est se confronter d’abord à une autre idée du temps et de l’homme face à la nature. (Concrètement : le temps qu’il fait, le rythme des saisons, les paysages…) Une quête d’un long et profond voyage vers ce qui ne se voit pas. L’idée d’un monde intérieur. Une écriture silencieuse invitant à la retraite. Rainer-Maria Rilke a développé tout au long de sa vie la conscience aiguë de son rapport à l’art comme une haute mission, quasi-divine. Cette quête ressemble à l’élaboration d’une nouvelle cartographie de nos sensations intimes que l’on pensait inexprimables, de notre rapport inconscient aux autres, à la nature et à la mort.